(Fr) Capucine Néouze vit et travaille à Pékin depuis 11 ans.
L’environnement de son atelier a un impact fort sur ses créations.
Auparavant Installée dans l’ancienne université franco-chinoise de Pékin, on lui connaissait sa série sur des portes condamnées à la destruction. Les œuvres faisaient apparaître des visages, portraits, inspirés d’anciennes photos noir et blanc, dans l’entre-deux des fissures :
Après avoir récemment déménagé d’atelier, ses recherches ont pris une nouvelle direction.
Aujourd’hui installée dans un bâtiment moderne, la vie de la rue et le passage y sont très présents. “Ce cadre m’a donné envie de poser de nouvelles questions, de faire évoluer mon support et ma banque d’images” explique t’elle.
En créant un profil sur le site de rencontre chinois « Tantan 探探» et en paramétrant ses recherches sur un rayon de 5 km autour de son atelier, situé dans le centre du vieux Pékin, Capucine Néouze interroge les nouveaux rapports que nous entretenons avec notre propre image.
Cette application internet est une porte, un seuil par lequel on apparaît.
Comment chacun veut-il être perçu ?
Quelle image donner de soi ?
L’artiste a resserré ses recherches en choisissant les personnes affichant leur « selfie miroir ». Et plus particulièrement, en sélectionnant ceux qui cachent leur visage derrière le smartphone. “La notion d’anonymat faisait déjà partie de mon travail sur les portes. Et quoi de plus contradictoire que de vouloir se montrer en se cachant ?” précise t’elle
Le miroir, lui, offre un terrain de jeux sans fin et amplifie l’effet narcissique du selfie.
Les selfies miroir sont peints sur plaque de verre dont les proportions respectent celles du profil imposé par « Tantan ».
Le verre représente internet : cette nouvelle ouverture, ce nouveau seuil.
L’artiste utilise la technique du fixé sous-verre, anciennement utilisée en Chine traditionnelle pour peindre les portraits au dos de miroir.
(Fr) Date de publication: 18 September 2020