(Fr) Une cérémonie d’ouverture aux mille détails

(Fr) Enchanté, Synchronicité, Liberté, Égalité, Fraternité, Sororité, Sportivité, Festivité, Obscurité, Solidarité, Solennité, Éternité…

L’exceptionnelle cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 a offert au monde à travers douze tableaux une représentation des grandes singularités et de la diversité qui composent l’identité culturelle française. Décryptage, dans cet incroyable enchaînement, de plusieurs performances marquantes.

 

 

La littérature française à l’honneur

Alors que Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie, a souhaité « envoyer un message d’amour », ce thème a pris corps à la Bibliothèque nationale de France où des personnages se déclarent leur amour au travers des couvertures d’une dizaine de livres. Dans cet « échange » littéraire, tous les siècles et tous les genres (poésie, théâtre, roman, roman épistolaire, essai) étaient représentés : du recueil de poèmes de Paul Verlaine Romances sans paroles (1874) à On ne badine pas avec l’amour (Alfred de Musset, 1834), Bel ami (Guy de Maupassant, 1885), en passant par Les liaisons dangereuses (Pierre Choderlos de Laclos, 1782), Le diable au corps (Raymond Radiguet, 1923), Les amants magnifiques (Molière, 1682), Le triomphe de l’amour (Marivaux, 1732) mais aussi les plus récents Sexe et mensonges de Leïla Slimani (2021) et Passion simple d’Annie Ernaux (1992), première Française à recevoir le Prix Nobel de littérature. Son roman, qui a été vu vendredi soir dans le monde entier, est disponible en Chine. Il a été traduit en mandarin chez Shanghai People’s Publishing House en juillet 2023, l’occasion de se plonger cet été dans cette histoire d’amour passionnelle.

 

 

 

 

La liberté incarnée à l’écran

Dans un clin d’œil au cinéma français, le « ménage à trois » mis en scène, de la bibliothèque à l’appartement, tire son inspiration de l’un des plus grands classiques de la nouvelle vague : le film Jules et Jim de François Truffaut. L’histoire suit les deux amis s’entichant de Catherine, une Jeanne Moreau iconique. Le trio d’acteur nourrira tout un mythe, celui de la relation non bipartite, revendiquant pour l’époque une grande forme de liberté et de renoncement aux codes de la société.

 

 

 

 

Danses dans le ciel parisien

Mises en scène par Thomas Jolly avec la complicité de la chorégraphe Maud Le Pladec, directrice de la danse des cérémonies des Jeux Olympiques de Paris 2024, le monde entier a pu assister à une véritable parade aérienne de danses ! Guillaume Diop, danseur Étoile du ballet de l’Opéra de Paris, a livré une prestation majestueuse depuis le toit de l’Hôtel de Ville. Dans le même temps, 500 danseurs se produisaient sur le Pont de Notre-Dame et sur les quais alentours. Quant aux fabuleux experts en portés acrobatiques de la compagnie XY sous la houlette de Rachid Ouramdane – à la tête du Chaillot – Théâtre national de la danse -, ils ont envahi le Pont-Neuf sur lequel planait le funambule Nathan Paulin à 34 mètres de haut.

 

 

 

 

Ravel sous la pluie

Depuis la passerelle Léopold Sedar-Senghor, le pianiste Alexandre Kantorow (27 ans) a magistralement joué Jeux d’eau de Ravel, en symbiose avec la pluie qui rebondissait sur son piano. Après avoir remporté le 1er Grand prix du Concours international Tchaïkovski en 2019, le jeune prodige, surnommé « le Liszt ressuscité » par le magazine Fanfare en hommage au compositeur hongrois, s’est rapidement hissé parmi les plus grands pianistes internationaux et a été nommé lauréat du Gilmore Artist Award 2024, l’une des plus prestigieuses récompenses de la musique. Il entamera une tournée en Chine en octobre prochain.

 

 

 

Pleins phares sur le Louvre, musée emblématique de la ville lumière

La cérémonie a bien entendu mis en lumière l’exceptionnel patrimoine des institutions culturelles de la capitale. Ainsi, une scène se déroule au Louvre : le porteur de flamme s’infiltre dans le musée le plus célèbre au monde, où les personnages des peintures et sculptures s’animent et prennent vie. Alors qu’on s’attend à voir l’iconique Joconde de Léonard de Vinci, celle-ci a disparu ! Une référence au fameux vol du tableau au Louvre en 1911 par l’italien Vincenzo Perruggia. Sur la Seine, des œuvres à moitié immergées dans l’eau contemplent quant à elle les athlètes qui passent sur les bateaux et évoquent les peintures exposées au Louvre et au Musée d’Orsay.

 

 

 

 

 

Les Minions refont surface

Toujours là où on ne les attend pas, les Minions se sont incrustés à la fête ! Sous la Seine, à bord de leur sous-marin, ils se sont essayés – avec plus ou moins de réussite – à quelques disciplines olympiques comme la gymnastique, l’haltérophilie ou le saut à la perche. Idée originale d’un réalisateur français, les Minions apparaissent en 2010 pour la première fois dans Moi, moche et méchant. Ce film d’animation a été développé par le studio français Macguff, racheté quelques années plus tard par Illumination, une filiale du studio américain d’Universal, puis, devenu aujourd’hui Illumination Studio Paris, un des plus importants studios européens dans l’industrie des long-métrages d’animation. Le quatrième opus de Moi, moche et méchant est toujours en salles.

 

 

 

 

Dix femmes françaises célébrées

Intitulé « sororité », un tableau très particulier de la cérémonie a rendu hommage à dix héroïnes de l’histoire de France pour leur combat pour l’émancipation des femmes. Ces dix pionnières du monde des lettres, du sport, de la politique et des arts sont apparues au niveau de l’Assemblée Nationale accompagnées par la Marseillaise pour offrir un moment d’une rare intensité. Des figures emblématiques telles que Olympe de Gouges (rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne), Simone de Beauvoir (philosophe féministe), ou encore Alice Guy (première femme cinéaste) ont été, tout comme leurs travaux, mises à l’honneur. Un message très fort pour les premiers Jeux Olympiques paritaires.

 

 

 

 

Comme une ombre sur les toits

Si certains y ont vu une référence au détective Vidocq dont les exploits inspirèrent Balzac ou Dumas, ou encore au film Yamakasi écrit par Luc Besson, le porteur de torche au visage dissimulé s’avère être une référence directe au personnage du célèbre jeu vidéo Assassin’s Creed. En évoluant dans les catacombes et passant de toit en toit, le mystérieux héros démontre la même agilité que celle des « assassins » ayant fait le succès du studio français Ubisoft.

 

 

 

 

Les guitares enflamment les Quais de Seine

Régulièrement en tournée dans le monde entier et présent dans les plus grands festivals de métal, Gojira s’est offert un moment d’anthologie en jouant sur la façade de la Conciergerie (lieu d’incarcération de Marie-Antoinette), le chant révolutionnaire français « Ah ! Ça ira ». Premier groupe français à figurer en tête du classement Billboard Hard Rock Albums, le groupe est considéré comme l’une des exportations françaises les plus réussies, tous genres confondus. Gojira a reçu trois nominations aux Grammy Awards, dont ceux du Meilleur album rock pour Magma et de Meilleure prestation métal pour les singles Silvera et Amazonia.

 

 

 

Aya Nakamura les illumine

Elle était attendue et a pourtant su créer la surprise. Elle, c’est Aya Nakamura, l’actuelle reine de la chanson française. Toute en or, c’est aux côtés de la Garde Républicaine qu’elle est apparue pour un duo aussi iconoclaste qu’inoubliable. Avec son style inimitable, la plus écoutée des artistes françaises dans le monde a mêlé une reprise de Charles Aznavour à ses hits internationaux que sont Pookie et Djadja.

 

 

(Fr) Date de publication: 5 August 2024