(Fr) ReActor | Soulèvement, Tatiana Julien

(Fr)

Un solo sur la résistance

À la lisière du concert live de Mylène Farmer, du catwalk ou du ring de boxe, Soulèvement s’empare de l’espace du théâtre comme celui d’une tribune : lieu de rassemblement, symbole démocratique, populaire et urbain. Le solo s’incarne comme une forme de rhétorique qui puise ses gestes du jeu vidéo Fortnite aux gimmicks de la danse contemporaine en passant par les grands archétypes des mots et des corps révoltés : Génération désenchantée.

Démocratie, art et pop. Soulèvement s’interroge sur la possibilité d’une danse comme forme de résistance, de l’art comme possible garant d’émancipation ou de l’art insidieusement rentré dans une forme de dictature du divertissement. Le solo met en regard des gestes fabriqués, repris et déclinés en masse sur internet avec des citations chorégraphiques de la danse contemporaine déclinées ici en gimmick. On pose la question du savant et du populaire, de la culture et du divertissement, et de leur responsabilité respective quant à l’évidence des démocraties en crise.

La danse comme forme de résistance. L’engagement du corps est sans concession, il donne à ressentir les puissances de la secousse et de la résistance dans un mouvement saccadé, persistant, frénétique. La danse s’inspire des danses urbaines et post-internet (house, shuffle, jumpstyle, voguing, krump…) qui ont pu s’affirmer à une époque comme des formes de soulèvements populaires. Elle s’inspire également de la fête comme forme de résistance (ou d’aliénation) ; du sport de combat (la boxe) et des danses contemporaines marquantes ou révolutionnaires (Le Sacre de Pina, La Danse de la sorcière de Wigman, La danse révolutionnaire de Duncan…) ; et enfin des danses hippies.

Archives sonores. L’engagement du corps va de pair avec celui des sons ; plus particulièrement des mots, puisés dans les grands discours où l’art est venu à la rencontre de la révolte. Sont diffusés des extraits et les prises de parole suivantes : Jacques Rancière à propos de La Haine de la démocratie sur Radio Debout ; Michel Serres à propos de Nuit Debout ; André Malraux, Discours de l’inauguration de la Maison de la culture à Amiens ; Gilles Deleuze, lettre G, « l’avenir révolutionnaire ». ; Albert Camus, « L’Art et la révolte ne mourront qu’avec le dernier homme » ; Archives de débats et de manifestions : Wall Street, MLF, Act up, mai 68…

Musique pulsée du concert live à la techno. La musique peut aller d’un son techno festif à la citation directe de concerts live marquant une génération : Spell de Patti Smith, Freedom de Richie Havens (woodstock), Désenchantée de Mylène Farmer. Les spectateurs sont baignés dès leur entrée dans le bain sonore d’une foule : une manifestation, un match de foot, le concert live de Mylène Farmer ? L’imaginaire sonore glisse d’un univers à l’autre, du savant au populaire de façon horizontale.

Dispositif bi-frontal. Le dispositif du solo prend la forme d’une installation bi-frontale. La scène est disposée sous la forme d’un couloir étroit, proche de l’image du catwalk, de la tribune, avec le public réparti de chaque côté. Le face à face du public est également pris en compte en tant que sujet et mis en scène dans le spectacle.

Chorégraphie et interprétation : Tatiana Julien

Lumières et régie générale : Kevin Briard

Création sonore et musicale : Gaspard Guilbert

Documentation : Catherine Jivora

Regards extérieurs : Clémence Galliard, Sylvain Riejou

Durée 1h

Production : C’Interscribo

Coproduction : Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône / Art Danse CDCN Dijon Bourgogne Franche-Comté / Les Hivernales CDCN Avignon / La Commanderie - Mission Danse Saint-Quentin-en-Yvelines

Accueil en résidence : Montévidéo, Créations Contemporaines - Atelier de Fabrique Artistique / L’échangeur - CDCN Hauts-de-France

(Fr) Date de publication: 23 December 15, 2018