Projection : Cour d’Honneur de Jérôme Bel
07.05 – 06
14:00 – 16:05 16:30 – 18:35
Durée:2h05
En français avec sous-titres chinois
Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles
À l’occasion de la 79e édition du Festival d’Avignon, rendez-vous incontournable du théâtre mondial qui se tiendra du 5 au 26 juillet, l’Institut français de Pékin vous invite les 5 et 6 juillet à quatre projections de Cour d’honneur. Ce spectacle rend hommage à cette scène mythique du Palais des Papes, berceau du festival, où son esprit s’incarne chaque été et où son histoire continue de s’écrire. Mais connaissez-vous réellement l’histoire de la Cour d’honneur ?
La Cour d’honneur se situe au cœur du palais des Papes d’Avignon, un monument emblématique bâti au XIVe. Pendant 70 ans, 7 papes vont s’y succéder et y construire l’un des plus grands palais de son époque. Dominant la ville depuis des siècles, le monument reste aujourd’hui l’un des plus visités de France.
Le palais des Papes
Quand Jean Vilar décida en 1947 de créer le festival d’Avignon, il demanda « un mur pour jouer devant […] n’importe quel mur ». On lui proposa alors celui de la Cour d’honneur. Un témoin de l’époque raconte qu’« il voulait du plein air, mais en même temps s’enfermer dans des murs. Il ne manquait que le toit pour faire une salle de théâtre ».
La Cour d’honneur en 1949
Cette scène exceptionnelle présente cependant des défis. Habitués à des espaces plus réduits, les artistes doivent ici s’adapter et réinventer leur art face à une vaste cour où les distances sont si grandes que les électriciens utilisent des cris d’oiseaux pour communiquer entre eux. Jean Vilar confiait déjà en 1966 : « Chaque soir, je suis saisi par la même petite terreur. Comment remplir cet espace ? »
Face à ce « mur » écrasant et chargé d’histoire, les metteurs redoublent d’inventivité : certains le reconstituent, d’autres le déstructurent ou le « détruisent » par des projections, tandis que d’autres encore en font un élément vivant du spectacle, comme en le faisant gravir à mains nues par les acteurs.
Inferno de Romeo Castellucci, Antoine Le Menestrel, Cour d’honneur du Palais des Papes, Avignon, 2008
Si le festival se déroule aujourd’hui dans de nombreux lieux de la ville d’Avignon, la Cour d’honneur demeure sa scène la plus emblématique. Année après année, elle est devenue un rite de passage pour ceux qui s’y produisent : une consécration, mais aussi un véritable défi pour les artistes qui se confrontent autant à son architecture qu’à l’héritage de ceux qui les ont précédés. C’est ici que Maurice Béjart fit entrer la danse au sein du festival avec sa Messe pour le temps présent en 1967 et que Philip Glass et Bob Wilson signèrent Einstein on the Beach en 1976, véritable choc pour le public avignonnais.
La culture unique entourant ce lieu renoue avec l’héritage historique et populaire du théâtre : le public s’y s’en libre de manifester son approbation ou sa désapprobation de la représentation et participe à nourrir les débats artistiques qui nourrissent la création française.
La pièce Le Maître et Marguerite, d’après le roman de Boulgakov, mise en scène par le dramaturge britannique Simon McBurney,
a fait l’ouverture, en 2012, du 66e Festival dans la cour d’honneur du palais des Papes
La Cour d’honneur est aussi le lieu des pièces hors normes, notamment par leur longueur, débutant en soirée et se finissant au petit matin. C’est ici qu’en 1987 eut lieu le triomphe du mythique Soulier de satin de Paul Claudel, pièce de 12 heures mise en scène par Antoine Vitez. En 2009, Wajdi Mouawad y présenta pendant 11 heures les trois premiers volets de sa tétralogie Littoral, Incendies, Forêts, une œuvre récemment publiée en chinois et dont le premier volet fut en tournée en Chine en 2024. La beauté du soleil qui se lève et réveille les spectateurs endormis sous leur couverture inspira probablement la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker à programmer une représentation de Cesana à l’aube en 2011 afin de laisser la lumière naissante révéler les corps des danseurs.
Cesena de Anne Teresa De Keersmaeker
En 2021, la Cour d’honneur fit peau neuve. Les 2000 sièges furent changés pour améliorer le confort des spectateurs et permettre un meilleur accès aux personnes en situation de handicap. Ce sont les anciens sièges mis au rebus que Tiago Rodrigues utilisa dans sa mise en scène de La Cerisaie avec Isabelle Huppert, pièce présentée à Shanghai, Nankin et Pékin dans le cadre du Festival Croisements en avril 2025.
Cesena de Anne Teresa De Keersmaeker
La Cour d’honneur n’est pas seulement une scène, elle est devenue une source d’inspiration. C’est ainsi que le chorégraphe Jérôme Bel, dont les pièces tournent régulièrement en Chine et qui collabore avec la chorégraphe chinoise Xiao Ke, a conçu en 2013 un spectacle intitulé Cour d’honneur, qui place cette cour elle-même en héroïne. Par un étrange jeu de miroir, les acteurs y endossent le rôle de spectateurs évoquant les souvenirs des pièces ayant marqué l’histoire de cette scène mythique.
Les 5 et 6 juillet, l’Institut français de Pékin vous invite à vous plonger au cœur de l’histoire du festival d’Avignon et de la Cour du palais des Papes avec quatre projections de ce spectacle à l’Institut français de Pékin !
Date de publication: 4 juillet 2025