L’ensemble correspondances s’est illustré avec la redécouverte inédite d’un trésor national,Le Concert royal de la Nuit, premier grand ballet de cour donné en public, commandé par Mazarin au retour de la Fronde pour le jeune Louis XIV.
À partir des bribes conservées à la Bibliothèque Nationale, Sébastien Daucé, directeur de la troupe Ensemble Correspondances, a reconstitué ce moment majeur du XVIIè siècle - inouï jusqu’en 2015- où Louis XIV fit sa première apparition en Roi Soleil.
En 1653, Louis XIV alors tout jeune adolescent, scelle son destin en dansant six rôles dans le ballet célèbre Ballet Royal de la Nuit dont le rôle final qui conclue l'attente des quatre veilles nocturne : l’Aurore annonce une lueur sans pareil, et Louis XIV fait alors son entrée en Roi Soleil couvert d'or, entouré des astres figurant les princes ralliés à sa cause.
Ce spectacle a joui dès le départ d'un succès général : l'aristocratie, présente en majorité, les ambassadeurs venus de toute l'Europe, et même le bourgeois de la ville de Paris, tous ont acclamé ce grand spectacle dont les enchantements ont laissé une impression durable.
Commandé par le cardinal Mazarin en personne, ce projet de ballet avait été conçu aux plus hauts niveaux de l'Etat comme un outil promotionnel pour la monarchie : l'objectif était d'imposer le respect aux nobles du royaume, impressionner les Parisiens qui étaient présents et disséminer ce message ailleurs dans le monde par l'intermédiaire des représentations étrangères.
Si désormais les historiens s'accordent à dire que le Ballet de la Nuit était l'un des spectacles phares du règne de Louis XIV, c'est bien parce qu'il était influent dans de nombreux aspects : politique, institutionnel, esthétique et musical. Pour la première fois dans l'histoire du genre, le libretto est unifié, habillement énoncé dans quatre parties (les gardes de la nuit) et conclu par un grand ballet. Tous les niveaux d'interprétations et tous les arts se construisent dans un simple but : le lever du Soleil.
La qualité des danseurs était indiscutable, qu'ils venaient de la cour (le Roi lui-même, son plus jeune frère, ''Monsieur'', les princes et ducs), des grands départements d'Etat ou de l'élite artistique de l'époque (Chambonnières, Molière, Lully, Beauchamps, etc.) Les personnages divers et variés, les scènes et les costumes mis en scène, résument l'imagination illimitée de ce grand siècle
La poésie qui accompagne le ballet royal a été écrite par l'illustre Isaac de Benserade, qui avait déjà la réputation d'auteur de renom en 1653, et qui excellait à la fois dans le genre du ballet de cour que dans le registre précieux. Déployant le plus large éventail d'inventions dans la versification, jouant tour à tour sur l'étrange, le dramatique, le comique et la parodie Benserade tire ses références tant de la mythologie, que du roman et de la vie contemporaine.
Enfin, la dramaturgie est exceptionnelle en ce qu'elle offre une réplique parfaite de la liturgie du couronnement. C'était au cours de ce spectacle, avec sa splendeur extraordinaire, que la nature suprême du Roi été révélée, par le lever croissant dans les quatre parties au couronnement symbolique pendant le grand ballet. Et c'est probablement de ce parallèle que le Ballet de la Nuit laisse une postérité incroyable : il symbolise l'ascension de Louis XIV et tisse explicitement le lien avec l'étoile la plus puissante. Le Ballet est le couronnement séculaire puisque le couronnement réel devait le lier à Dieu l'année suivante
Plus de 350 ans après sa création, Correspondances a fait revivre ce chef d’œuvre en mai 2017 lors d’une tournée en Chine du Sud pour l’ouverture de l’un des plus prestigieux festivals en Asie, le French May de Hong Kong et l’inauguration du complexe culturel du groupe Huafa à Zhuhai.
Pour l’occasion, commande a été passée à l’artiste designer lumières Etienne Guiol, artiste lyonnais reconnu autant en France qu’en Chine, qui a créé une vidéo qui met en images ces deux heures de musique. Utilisant les dessins historiques, les éléments originaux du ballet de l’époque, cette création à l’esthétique contemporaine immerge le spectateur dans l’univers fabuleux de la Cour de Louis XIV.
En octobre 2018, l’ensemble prévoit une nouvelle tournée en Chine :
-• À l’Opéra de Canton pour le 30è anniversaire du jumelage avec la ville de Lyon.
• À l’auditorium de la Cité Interdite de Pékin et dans les salles
partenaires : Qintai Arts Center de Wuhan, Concert Hall de Tianjin.
Date de publication: 27 octobre 2018