Arts visuels

De Monet à Soulages : chemins de la modernité (1800-1980)

Image : L'exposition au Chengdu Museum

Collections du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole

À travers certaines des plus belles toiles des collections du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole, l’exposition fait revivre les révolutions qui ont marqué l’histoire de la peinture française depuis les années 1800. Le parcours entraînera le visiteur parmi les œuvres des grands paysagistes du 19e siècle aux toiles abstraites de Soulages, en passant par des peintures de Monet, Courbet, Matisse, Picasso et Dubuffet.
La présentation de quelques-uns des chefs-d'œuvre du Musée permettra au public chinois de découvrir les révolutions qui ont marqué l’histoire de la peinture française depuis 1800. Le parcours entraînera le visiteur sur ces « Chemins de la modernité », du réalisme à la peinture la plus contemporaine, en passant par l’impressionnisme, le symbolisme, le cubisme, le surréalisme et les mouvements abstraits.
Cinquante-et-une œuvres de la collection d’art ancien, moderne et contemporain du musée ont été sélectionnées pour cette exposition.
Cette exposition sera d'abord présentée au Musée d'art de l'université de Tsinghua, à Pékin, puis au Musée municipal de Chengdu et au Musée d'art de Wuhan.

 

Gustave COURBET, Pastorale ou Paysage à l'antique, vers 1840, huile sur toile, 99 x 79,5 cm © Collection du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole

Né à Ornans en Franche-Comté, Gustave Courbet se forme en un siècle dont Musset regrette qu’il  « n’ait point de formes ».  Néo-classicisme,  romantisme, réalisme : les contemporains ont très vite été tentés  avec des fortunes diverses  d’instituer des classifications. En 1839, à Paris, élève de Von Steuben, un ami de Delacroix, puis de l’Académie Suisse, Courbet s’intéresse à ses contemporains : Delacroix, Géricault, tout en copiant les anciens, Velázquez,  Zurbaran, Franz Hals, Rembrandt. Paysage de 1841 témoigne d’une période charnière de l’évolution du jeune peintre. Courbet s’est peut-être inspiré d’un sujet emprunté à l’histoire ancienne.  

 

Claude MONET, Nymphéas, 1907, huile sur toile, diamètre: 80.7 cm © Collection du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole

Avec les Nymphéas, Monet, fondateur de l'impressionnisme, pose sa marque sur la peinture du XXe siècle. De l'écriture allusive d'Impression soleil levant (1872, musée Marmottan, Paris) qui ouvre la série des expositions impressionnistes (de 1874 à 1886) aux grands panneaux décoratifs des Nymphéas à l'Orangerie des Tuileries, le peintre conduit le paysage, issu de la tradition réaliste, vers une abstraction décorative. Le motif des Nymphéas observé à partir du bassin de sa propriété apparaît dans son œuvre dès 1893 et amène l'artiste à faire éclater la représentation de l'espace dans un traitement décoratif de la surface, de ce qu'il appelait des « paysages d'eau ». 

 

Pablo PICASSO (1881-1973), Nature morte pot, verre et orange, 23/07/1944, huile sur toile, 33 x 41 cm

© Succession Picasso 2017

L’œuvre dessinée de Picasso fait voir un insatiable besoin d’expériences contradictoires qui accompagnent le renouvellement continu de sa pratique picturale. Comme dans sa peinture, les procédés graphiques qu’il utilise un temps sont aussitôt remis en question au profit de solutions neuves. Ce sont des lignes grasses, d’un noir appuyé, qui dans le tableau intitulé Nature morte : pot, verre et orange, découpent simplement le sujet dans le rectangle de la toile. 

 

César DOMELA, Composition néo-plastique n° 5-1,  1926, huile sur toile, 80,5 x 50,7 cm, dimensions avec cadre : 83 x 53,2 x 2 cm

© César Domela / ADAGP, Paris - SACK, Seoul, 2017

Domela adhère au groupe De Stijl dès 1924 et réalise des œuvres dans la plus stricte observance des principes généraux du néo-plasticisme. L’économie des moyens picturaux, l’utilisation de plan rectangulaire, l’opposition de lignes droites ne sont pas étrangères à son œuvre comme l’atteste l’abstraction géométrique de ses paysages ou encore celle plus radicale des premières œuvres proprement non figuratives qu’il exécute en 1923. Dès 1925 il ébranle néanmoins quelque peu le système néo-plastique comme l’atteste cette Composition néo-plastique n° 5-1. Il utilise notamment l’oblique et ne respecte pas la distribution des couleurs et des non-couleurs, ce qui a pour effet de créer une certaine profondeur. 

 

Yves TABGUY, Mains et gants, 1946 © 2017 Estate of Yves Tanguy / Artists Rights Society (ARS), New York

Le vaste espace qui se déploie ici devant nous est caractéristique de la peinture de Tanguy où l’horizon, parfois marqué par une ligne qui divise le tableau, peut également se fondre entièrement dans l’arrière-plan. Mains et gants constitue ainsi une sorte de voie médiane où le ciel sans absorber complètement notre regard l’égare dans un paysage aérien qui se distingue des fonds océaniques des tableaux antérieurs. Les formes organiques des années 1930 qui se juxtaposaient à l’horizontale telles des objets parsemés et parfois volatiles ont fait place ici à des concrétions de substances dues aux allures tranchantes et minces qui se dressent au premier plan à la manière d’architectures monumentales en ruine. L’ombre portée que Tanguy utilise depuis 1926 et à laquelle il recourt systématiquement à partir de 1931-1932 joue ici comme dans nombre de ses tableaux un rôle structurant essentiel. Elle provoque un décalage du regard sur la droite le conduisant progressivement à s’insinuer toujours plus dans la profondeur du paysage vers un point qui lui serait extérieur, comme vers un au-delà du tableau qui laisse place à l’imagination, une faculté qu’un peintre surréaliste tel que Tanguy n’a cessé d’expérimenter pour tenter d’exprimer le fonctionnement réel de la pensée. 

Date de publication: 7 mai 6, 2017