La Galerie Hadrien de Montferrand présente une exposition consacrée à deux artistes majeurs de la scène contemporaine internationale, Ding Yi et Elias Crespin. Pour la première fois, les deux artistes sont invités à exposer et dialoguer ensemble autour de leurs travaux, qui bien que différents dans leurs aspects formels, se rejoignent dans leur réflexion sur l’espace, la ligne et la sobriété. Les grandes installations mobiles d’Elias Crespin vont cohabiter avec les oeuvres sur papier de Ding Yi, père de l’abstraction en Chine.
Ding Yi (1962), chef de file de la nouvelle abstraction en Chine dans les années 1980, a ouvert la voie en créant deux motifs répétitifs, + et x, comme symbole d’une liberté nouvelle, échappant à toute représentation de figure politique ou historique. Il s’est ainsi détaché des mouvements figuratifs et expressionnistes d’une partie de ses contemporains. Ses croix forment un réseau dense et complexe qu’il développe depuis bientôt 30 ans dans différentes compositions de couleur, utilisant tour à tour des pigments, stylos, marqueurs, acrylique, pastels, sur des supports variés eux aussi, allant de la toile au papier en passant par le carton ou la tapisserie. Cette utilisation répétitive et obsessionnelle de la croix et pour l’artiste une façon d’aller au delà de la du trait de pinceau de l’art ancien chinois, de dépasser la tradition et de réfléchir aussi au début de l’art moderne européen. Il en fait une méthode et une philosophie et ce qui devient une contrainte formelle permet finalement une émancipation en s’éloignant des références socioculturelles de nombreux de ses paires. On peut tout de même retrouver un semblant de référence à son expérience shanghaienne, les lignes de ses œuvres rappelant le chaos urbain de la grande métropole.
Elias Crespin (1965) né à Caracas au Venezuela, a tout d’abord étudié l’ingéniérie informatique et intégré dans sa pratique artisique les deux disciplines, en combinant science et art. Il propose ainsi des sculptures en mouvement, composées de mailles ou tiges métalliques, suspendues et flottant dans l’espace, menant une danse subtile de couleur et de mouvements animées par de petits moteurs et un dispositifs technologique sophisitiqué. Elias joue également sur les matériaux - acier, plexiglass, nylon -les transparences et les ombres. Il s’inscrit dans un certain héritage de l’art cinétique comme une partie de ses contemporains sud américains mais a su déveloper une ligne très personnelle avec ses mécanismes poétiques géométriques. Il a ainsi capté l’attention de grandes institutions puisqu’il a pu exposer au sein du Grand Palais dans le cadre de Dynamo (2013), à l’espace Cuturel Louis Vuitton avec Turbulences (2012), la Biennale de Busan (2014) ou encore à la fondation Boghossian. La Galerie Denise René, fondée sur la présentation des pionniers de l’abstraction du XXeme siècle, soutient son travail depuis ses débuts. Ses oeuvres sont entrées dans d’importantes collections notamment au Museum of Fine Arts de Houston, au Museo del Barrio de New York, et au MALBA de Buenos Aires.
Dans cette exposition la rencontre se fait autour de la ligne, des formes géométriques simples et avec une attention portée à la structure et au mouvement, qu’il soit figé sur le papier ou en action dans l’espace.Les motifs répétitifs en croix de Ding Yi co-existent naturellement avec les tiges et fils aérien d’Elias, pour la plus grande joie du visiteur happé par une ambiance ludique, méditative et apaisante.
Date de publication: 15 octobre 2016