Le début de l'A

Une mise en scène de Pascal Rambert, avec Mi Le et Shao Sifan

- Tu es où?  
- Ici 
- Si je touche là c’est toi ?  
- C’est moi
- Dans l’alliance des fleurs ?  
- Dans l’alliance des fleurs  
- C’est le début de l’A. ?  
- C’est le début de l’A.  
- Dans le puissant bouquet des fleurs le parfum ?  
- Dans le puissant parfum  
- C’est le début de l’attente ?  
- Non c’est le début du début de l’A.  
- Avec toi? 
- Avec moi 
- Pour toujours? 
- Pour le temps 
- Ici?  
- Ici  
- Pour toujours ? 
- Pour le début de l’A. 
- Pour le début de l’A. ?

Extrait Le début de l'A.


Après le succès de la version chinoise de Clôture de l’amour, le metteur en scène Pascal Rambert monte sa pièce Le début de l’A. avec deux comédiens chinois. Puisant dans la matière de sa propre expérience, il a écrit sur ce moment singulier et extrêmement personnel du commencement d'une relation. Les séquences se suivent, rythmées par une langue musicale. Le début de l’A. est un poème pour deux voix, l'une à Paris et l’autre à New York.

Mot de l'auteur

En fait, j’ai écrit Le début de l’A. à Paris durant le mois d’août 2000. J’écris rarement à Paris. Mais là j’ai écrit à Paris. Dans la chaleur de Paris au mois d’août. Dans la solitude. Et dans le manque de la femme que j’aimais. Pour de vrai. Nous venions de réaliser un beau et éprouvant projet ensemble : L'épopée de Gilgamesh pour le Festival d’Avignon. Elle faisait partie de la distribution américaine. Le Festival fini, elle rentra à New York. Mon corps et mon esprit, comme après chaque spectacle, étaient comme dévastés. J’étais dévasté et, comme après chaque spectacle, j’étais plus pauvre qu’avant. C’est dans cette pauvreté que j’ai écrit. Et je n’ai rien caché. Tout y est vrai. Tout ce que je raconte est vrai. Sauf l’accident à la fin qui nous voit mourir. Mais tout est vrai. Je n’ai même pas pensé à donner des noms aux personnages : ils s’appellent comme nous. Je n’ai rien caché. Je n’ai fait qu’écouter ce que me disait mon manque. J’ai retranscrit. J’ai observé en moi. J’ai dialogué muettement chaque jour avec l’être aimé. J’ai fermé les volets en plein jour et j’ai serré les dents. Ce que je raconte est ce moment unique du début du sentiment amoureux que l’on voudrait ne jamais voir finir. Quand enfin tout commence. 

Pascal Rambert, novembre 2004

Date de publication: 7 juin 2, 2017