Le Jeu de l'amour et du hasard

Photo : Jeu de l'amour et du hasard, mise en scène de Philippe Calvario © Christophie Vootz

Pièce de Marivaux, dans une mise en scène de Philippe Calvario.

 

Le Jeu de l’amour et du hasard, représenté pour la première fois en 1730, s’ouvre sur une double dissimulation : voulant mettre à l’épreuve celui qu’elle  doit épouser, Silvia échange sa place avec celle de sa servante… sans se douter que Dorante a eu la même idée. À partir de ce travestissement, les quiproquos et doubles sens s’enchaînent, faisant de cette œuvre – la plus souvent représentée des pièces de Marivaux – un sommet de l’art comique français. Dans ce procédé si typiquement théâtral de l’inversion des rôles, c’est aussi la révélation des cœurs qui se joue : impuissants à étouffer des sentiments qu’ils croient interdits, les personnages se débattent, pris, comme le dit Silvia, dans « un combat entre l’amour et la raison ». De situations burlesques en éclairs de gravité, Marivaux dépeint ainsi la tension entre la loi et le désir et, tout en respectant les codes de bienséance de l’époque, trouble l’ordre établi en inversant les rôles des maîtres et des valets.

La pièce est ici sublimée par le travail de Philippe Calvario, qui s’était déjà attaqué au texte en 2010. Sa mise en scène pleine de fantaisie mêle aux audaces de Marivaux les mélodies de Gainsbourg et souligne ce que cette pièce, qu’il qualifie de « quête absolue vers la vérité des sentiments », a d’actuel.

 

Date de publication: 3 mars 18, 2017