Entre maîtrise et lâcher-prise, les peintures abstraites de Jérôme Boutterin sont chargées d’une énergie qui les apparente à l’art de la performance. Le geste du peintre, tour à tour contrôlé ou volontairement maladroit, est très présent dans des compositions qui jouent avec la notion d’instabilité. L’énergie de sa peinture nous invite à une réflexion sur nos propres attitudes : dans une époque où la performance est érigée en valeur maîtresse, l’artiste recherche une tension poétique où l’accident et la fragilité seraient la source de la maitrise.
Les Monochromes, réalisés entre 2007 et 2014, sont l’exemple éclatant de cette maîtrise du geste direct et spontané. Dans cette série, les tableaux se déclinent à partir d’une couleur unique et, par l’accumulation de gestes effectués les uns après les autres, font apparaître une réserve inépuisable de nuances et de volumes. Ces peintures présentent des similitudes avec la peinture traditionnelle chinoise où le coup de pinceau accompagne le souffle de l’artiste.
La seconde série, plus récente, réintroduit l’ensemble des couleurs pour former un contraste saisissant entre la matière et la densité de la peinture et le dessin, qui s’en échappe, pour se déployer dans l’espace du tableau. Jérôme Boutterin invite dès lors les spectateurs à accomplir la réalisation finale de son œuvre par une lecture des formes et des couleurs ainsi que par une navigation active dans cette abstraction où s’ouvrent de multiples possibilités d’expérience du regard et d’analyse.
Date de publication: 5 mai 2016