Concept du projet
Précurseur de la littérature de l’absurde et de l’exsistentialisme, Kafka nous pose ces questions de l’absurdité de l’existence humaine dans son chef-d’oeuvre La Métamorphose.
Cette mise en scène expérimentale a pour originalité d’associer un androïde à des comédiens et s’inscrit dans le développement du Robot Theater Project mène depuis 5 ans à l’universite d’Osaka. La Métamorphose est déjà la sixième production de ce théâtre d’un nouveau genre.
Issu d’une commande du festival Automne en Normandie, ce nouveau projet sera la première production montée en dehors du Japon et en langue francaise d’une pièce de théâtre qui compte un robot parmi ses acteurs.
Pour les autres pièces du Robot Theater Project, j’ai toujours choisi des thèmes en lien direct avec les questions soulevées par l’existence des robots et des androïdes : la vie et la mort, la distinction entre homme et androïde et le rapport au travail. J’aimerais adapter le chef-d’oeuvre de Franz Kafka, père de l’existentialisme, dans une version pour androïde afin de tirer les leçons de ces expériences. Les répétitions sont d’ores et déjà en cours au Centre international d’Art à Kinosaki (Toyooka, Prefecture de Hyogo).
Après une avant-première au Japon, la première sera présentée dans le cadre de festival Automne en Normandie. Avec la nouvell technologie d’androïde, j’aimerais donner un nouveau souffle à ce roman qui a été écrit il y a plus de 100 ans et dont les nombreuses adaptations théâtrales et visuelles existent.
Synopsis
Un matin, Gregor Samsa, se lève à cause d’un cauchemar mais se rend compte que durant la nuit il s'est métamorphosé en androïde. Il parle de cette transformation à sa famille mais celle-ci croit que Samsa est quelque part afin de contrôler cet androïde.
Sa famille n’a pas l’air de le comprendre alors lui montre son énervement et son dégoût. Au fur et à mesur que le temps passe, sa soeur ne s’occupe plus de lui. Plus sa chambre est rangée, plus l’androïde a l’impression que les gens s’éloignent de lui et se sent seul. Il souhaite mourir mais son rêve ne se réalisera jamais.
Message d’Oriza Hirata
Quand je travaille avec les robots, j’ai une conscience aiguë de la thèse existentialiste : ≪ L’existence précède l’essence ≫. Je ne trouve pas que les hommes et les robots soient si différents par essence. Les robots sont fabriqués pour travailler et leurs fonctions sont précisément calquées sur les fonctions humaines, si bien que rien dans leur essence ne permet de les en distinguer. Quand le public du Théâtre avec robots pose cette simple question ≪ Jusqu’où les robots pourront-ils se rapprocher des hommes ? ≫, le professeur Hiroshi Ishiguro, qui a développé les robots pour le théâtre, répond toujours ≪ Si vous êtes capable de me donner une definition de l’homme, alors je veux bien concevoir un robot repondant a cette meme definition. ≫ Il est vrai que l’existence de l’homme précède le sens, en dehors de l’essence. Si l’existence de l’homme n’a pas de sens, alors les robots ne pourront pas se rapprocher indéfiniment des hommes. Après cinq ans de travail dramatique avec les robots, j’ai acquis la conviction que l’homme se jette dans le monde sans définition préalable. Nous pourrions considérer que le Théâtre avec robots n’est qu’un nouveau genre de marionnettes, car les robots sont des machines et nous sont familiers. Nous observons pourtant que beaucoup de spectateurs ne voient pas dans les robots de simples marionnettes, mais ont tendance à croire qu’ils réfléchissent et se conduisent par eux-mêmes. Sartre se demandait comment distinguer un homme d’une marionnette, ce problème philosophique est plus que jamais d’actualité à l’ère des androïdes. Si l’on suppose, avec Sartre, que notre liberté se heurte à celle d’autrui, il semble inévitable que les hommes se sentent menacés par l’évolution des androïdes, car plus les androïdes seront libres, plus la liberté des hommes sera précaire. En robotique, the Uncanny Valley (vallée de l’étrange) – theorie issue de l’inquiétante étrangeté - montre qu’a un certain stade les robots ressemblent trop aux hommes, si bien que la sympathie qu’ils nous inspirent d’abord se change en inquiétude. Nous les hommes, nous sommes les êtres absurdes qui risquent de se transformer en insecte demain.
Nous les hommes, nous sommes les êtres absurdes eux-même qui ne savent pas distinguer entre les hommes et l’androïde.
]Cette adaptation de La Métamorphose du 21ème siècle va le montrer clairement aux
spectacteurs. Nous pourrions y rencontrer autrui en un sens authentique.
Date de publication: 1 août 2015