Chaque année, en France, l'automne est un rendez-vous important pour tous les amateurs de littérature : plusieurs centaines de romans sont publiés à cette période. Cette année, parmi les 381 nouveaux romans français ou francophones, vous retrouverez des auteurs déjà très connus, comme Christophe Boltanski, Amélie Nothomb, Philippe Torreton, Yasmina Khadra, Aurélie Filippetti, Boualem Sansal, Christine Angot, Jérôme Ferrari, Alain Mabanckou et Maylis de Kerangal, mais vous pourrez aussi découvrir 94 « premiers romans ».
Pour vous aider dans vos choix, William Irigoyen, journaliste et présentateur de la chaine de télévision franco-allemande ARTE, vous présentera ses coups de cœur, avec la complicité de Guillaume Olive, responsable du Club de lecture "L'arbre du voyageur" à l’Institut français de Pékin.
Entrée libre.
La « rentrée » de septembre a peut-être la même place que les vacances dans la culture française. Ce mot, intraduisible dans une autre langue, signifie non seulement le retour à l’école, mais aussi le retour au travail, aux préoccupations, au métro, aux actualités… et en librairie ! En effet chaque année, les premiers jours de septembre signent la fin des vacances et également le début de la « rentrée littéraire », un moment crucial pour le monde de l’édition. Cette année, ce sont 567 nouveaux titres qui apparaitront dans les rayons des librairies françaises !
La rentrée littéraire est un phénomène français, une institution sociale caractéristique de l’édition en France depuis les années 1960 et étudiée par certains historiens tels Patrick Boucheron[1]. Une tradition qui ne fait que s’accentuer ! Pourquoi cette volonté, suicidaire en apparence, à publier tant d’ouvrages en même temps ?
C’est que tous les éditeurs ont en vue les fameux prix littéraires français, qui ont plus de valeur qu’une bonne critique aux yeux des lecteurs. Tous ces prix sont en effet remis à l’automne : le plus ancien et probablement plus prestigieux, le Goncourt, est décerné au mois de novembre, le prix Renaudot et le prix Médicis également, le Grand prix du roman de l’Académie française au mois d’octobre, le prix Femina le premier mercredi de novembre… Qui sera récompensé cette année ?
Parmi les 567 romans à paraître ces jours-ci, 381 sont français, et 94 sont des premiers romans. Certains romans ont déjà, avant même leur parution, séduit des éditeurs étrangers et notamment chinois. Tel a été le cas par exemple pour Ma dévotion de Julia Kerninon (Actes Sud, La Brune), à paraître en mandarin en 2019 chez Haitian.
Cette année, les critiques, journalistes et lecteurs tablent sur des auteurs habitués aux rentrées littéraires - Amélie Nothomb avec Les prénoms épicènes, Maylis de Kerangal avec Un monde à portée de main, Boualem Sansal avec Le dernier train d’Elringen -, et d’autres moins, publiant leur deuxième roman tels A son image de Jérôme Ferrari (Actes Sud), récompensé par le prix Goncourt 2012 pour Sermon sur la chute de Rome, et Adrien Bosc avec Capitaine (Stock), après son premier roman Constellation, Grand prix du roman de l’Académie française 2014 et publié en mandarin chez People’s Literature Publishing House.
A ces auteurs connus ou en voie de reconnaissance s’ajoutent 94 écrivains à leurs débuts, dont certains journalistes parlent déjà tels David Diop et son ouvrage Frères d’âme ou Julien Cabocel et son titre Bazaar (L’Iconoclaste).
La rentrée littéraire est également la période idéale pour comprendre Comment parler des livres que l’on n’a pas lu, titre d’un essai[2] sur les différentes manières de ne pas lire un livre… et d’en parler néanmoins passionnément !
[1] Patrick Boucheron, « Toute littérature est assaut contre la frontière », Annales, 2010/2
[2] Pierre Bayard, Comment parler des livres que l’on n’a pas lu, Editions de Minuit, 2006
Date de publication: 12 septembre 2018